Mélanger scolarité et déficiences auditives
- Lisa Mesnage
- 1 déc. 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 déc. 2020
Pour ce premier article j’ai décidé de traiter du sujet de la scolarisation lorsque l’on possède un handicap auditif. En effet, un enfant sur mille devient sourd uniquement dans la première année de sa vie. Ce qui implique d’aller à l’école dans une situation différente et malheureusement beaucoup plus complexe. Je vous propose alors d’étudier les points impactés par cette situation, en passant par la discrimination arbitraire ou encore par les adaptations nécessaires. Je tiens à rajouter que cet article est le fruit de nombreuses recherches et témoignages, que j’ai essayé de croiser pour approfondir ma culture sur le sujet. Cependant je n’affirme évidemment pas connaître parfaitement la situation. Toutes connaissances ne pourront jamais m’apporter une compréhension parfaite au regard de cette situation que je ne vis pas. Je vous prie donc de lire mon travail avec bienveillance car il est à but de sensibilisation pour cette cause qui me tient à cœur.
MISE EN TENSION
Dans sa conférence “Why we need to make education more accessible to the deaf”, soit « Pourquoi devons-nous rendre l’éducation plus accessible aux sourds », Nyle DiMarco, acteur, mannequin et activiste, nous présente son parcours éducationnel. En effet, en CM2 il quitte son école spécialisée pour les enfants sourds par curiosité, afin de rejoindre une école primaire classique. Très vite, déstabilisé par son impossibilité de communiquer avec les autres enfants, il supplie sa mère pour retourner dans son ancien établissement. Sa mère refuse catégoriquement. Il doit essayer de communiquer avec ses camarades car « le monde est entendant ». Cette phrase, « Le monde est entendant », est puissante et véridique. Le monde auquel nous appartenons nous est effectivement adapté. L’éducation se base sur la communication, le professeur explique et démontre la connaissance à ses élèves en utilisant principalement la parole. Que se passe-t-il s’il n’est plus possible pour l’élève de prendre part à celle-ci ?
LES EFFETS
La perte d’audition, qu’elle soit partielle ou totale, a une influence comportementale et psychique sur l’enfant qui la possède. Il est presque inévitable que celui-ci ne ressente pas de difficulté à communiquer avec ses pairs. Ce qui laisse alors lieu à de l’isolation, voire même à ce que l’enfant s’enferme «dans sa bulle». Il est également possible de développer des troubles tels que de l’hyperactivité, de l’hyperémotivité ou de devoir faire face à une crise identitaire. D’autres difficultés peuvent s’ajouter, telle qu’une différenciation entre la fiction et la réalité complexe. Voir même de posséder une perception des notions abstraites, figurés ou de l’humour parfois défaillante. Finalement, la perception du temps et de l’espace peuvent elles aussi être touchées. Et ce ne sont que quelques exemples des difficultés possiblement rencontrées par un enfant malentendant ou sourd.
L’ACCÈS À L’ÉCOLE
Il est d’autant plus difficile pour ces enfants de faire des études supérieures. En effet, dans le monde, nombreux sont ceux qui ne vont pas à l’école car elle ne leur est simplement pas accessible. Aucune mesure ne la rend adaptée à leurs besoins. Des établissements spécifiques existent mais ils sont peu nombreux et situés uniquement dans des pays développés. On recense par exemple une seule université au monde spécialisée pour les étudiants atteints de troubles auditifs : l’université de Gallaudet à Washington. À cause de ce manque d’accès à l’éducation très répandu, ces personnes sont souvent très désavantagées lors de leur entrée dans le monde du travail. En France, même si l’embauche est plus difficile, des organismes encouragent les entreprises à se tourner vers leurs profils. Cependant, certains métiers leur restent inatteignables malgré tout effort ou volonté.
LA PAROLE
Pour pallier à cette situation d’inégalité des chances, de nombreuses solutions sont possibles. Il est conseillé par certains spécialistes et parents, d’apprendre une langue à l’enfant. Celle-ci lui permet alors de s’exprimer, ce qui est très important lors de sa recherche de soi et pour le développement de sa personnalité. L’enfant peut alors apprendre la langue des signes ou encore se former à la lecture labiale. Pour rendre ce travail plus utile et intéressant, l’apprentissage de la langue des signes chez la personne entendante devrait se répandre. Si celle-ci devenait un enseignement plus facilement accessible alors il serait plus simple de communiquer entre entendants et non entendants. Et ceci que ce soit à l’école, dans le cadre professionnel ou même dans la vie de tous les jours.
À L’ÉCOLE
Pour revenir sur notre thème de l’éducation, il est évidemment nécessaire que l’école doive également s’adapter à l’élève. Notamment en privilégiant tout ce qui est visuel (textes, schémas, photos, vidéos…) et en parlant lentement et clairement si celui-ci peut lire sur les lèvres. De plus, garder une ambiance calme et paisible dans la classe pour ne pas déranger l’élève dans sa concentration. Finalement, l’enfant peut avoir besoin d’aide dans son expression écrite, car le français n’est pas une langue qu’il utilise fréquemment.
CONCLUSION
Ainsi, il ne faut pas voir les personnes ayant des déficiences auditives comme des personnes pénalisées et possiblement incapables de certaines tâches. Ce sont des personnes avec une vision du monde bien différente, qui ont dû s’adapter à leur environnement et plus généralement au monde qui les entourent. Leur différence, utilisé à leur avantage, devient alors une force. Et je suis sûre que celle-ci peut être profitable à la communauté. Leur donner accès à l’éducation et à la communication nous permettra de créer un monde de demain plus performant et plus inclusif.
Lisa Mesnage, Trésorière de UnMute
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